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Construction d'une école en zone agricole: L'UPA s'oppose à la demande de Candiac

Vendredi 25 octobre 2024 15:24 Édouard Desroches
la zone agricole que Candiac souhaite développer pour construire une nouvelle école secondaire [Photo: Ville de Candiac]

La Fédération de l'Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie a souhaité réaffirmer « l’importance de respecter les processus et les rôles des instances en place » en réponse à la Ville de Candiac qui souhaite construire une école secondaire dans une zone agricole sur son territoire. 

La zone agricole de cinq hectares, située entre l'autoroute 30 et le boulevard Jean-Leman à Candiac, est inutilisée depuis de nombreuses années. La Ville, qui a obtenu le support de la MRC de Roussillon et du propriétaire du terrain, souhaite y construire une nouvelle école secondaire afin de combler les 1200 places manquantes pour les élèves de son territoire et des municipalités avoisinantes. 

Sa demande a cependant été refusée par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Candiac a donc fait un appel à ses citoyens en début octobre afin de demander au Ministère de l'éducation, dont l'autorité supplante celle de la CMM en la matière, de lui accorder l'autorisation d'entamer son projet. 

La Fédération de l'UPA dénonce cet appel à la mobilisation, qui selon elle demande « que le gouvernement fasse fi des grands principes d’aménagement du territoire dont il s’est lui-même doté. » L'UPA indique également que les arguments que la Ville de Candiac présente ne sont pas suffisants pour convaincre les instances chargées de la protection du territoire agricole de lever le statut agricole du terrain dont il est question.

Les arguments de la Ville de Candiac

La municipalité repose principalement sa demande sur le fait que le terrain agricole qu'elle souhaite développer n'est plus utilisé à des fins agricoles depuis de nombreuses années, et que selon elle, il ne peut pas non plus l'être. La construction de l'autoroute de l'Acier, qui longe le flanc sud du terrain, aurait affecté sa capacité de drainage des sols, et rendu son enclavement inaccessible. 

Ce terrain « irrécupérable » à ses fins d'origine selon la Ville, se trouve également dans une zone en développement, qui correspond aux objectifs de densification urbaine et de mobilité du Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD), qui favorise l'urbanisation près des grands axes routiers et des infrastructures de transport collectif.

Finalement, le terrain serait beaucoup moins cher que les options alternatives que Candiac possède, et il comprend déjà certaines infrastructures dans son sol telles que des égouts et des réseaux d'aqueduc, facilitant le processus de construction d'une école. 

La réponse de l'UPA

Selon Jérémie Letellier, président régional de la Fédération de l’UPA de la Montérégie, le terrain n'est pas aussi inutilisable que la Ville de Candiac le prétend: « C'est facile de dire que le territoire est enclavé et qu'il a des problèmes de drainage [...] mais donnez à tout bon producteur agricole quelques semaines pour faire le ménage là-dedans, et il va réussir à le cultiver. De dire que c'est impossible de drainer ce terrain-là, ce n'est pas vrai. Il y a toujours moyen de trouver des façons de drainer un terrain et de faire écouler l'eau. »

Il indique que Candiac a la responsabilité de démontrer que la zone ne peut être utilisée pour faire de l'agriculture, et que jusqu'à maintenant, « elle n'a pas été capable de le faire ». 

« Le fait qu'ils demandent un décret me fait dire qu'ils n'ont pas confiance en leurs arguments », rajoute M. Letellier. En ce qui a trait au PMAD et ses objectifs de densification, ce dernier cherche non seulement à conserver les zones agricoles, mais également à les agrandir, donc le projet de construction d'école secondaire sur ce terrain « va en droite contradiction » avec ses valeurs, affirme le président de l'UPA de la Montérégie. 

Les enjeux économiques ne passent pas par-dessus la protection agricole

Un autre facteur qui motive le refus du projet de Candiac de la part de la CMM et de la Commission de la protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), c'est la disponibilité d'autres terrains sur le territoire de la municipalité. La Ville de Candiac indique que ces secteurs présentent cependant de multiples obstacles. Il est question notamment de frais de décontamination, de dépenses pour l'expropriation d'un terrain privé, de l'absence d’infrastructures ou même de la présence de la rainette faux-grillon, une espèce menacée.

La plupart de ces obstacles étant liés aux coûts de développement, Jérémie Letellier avance « qu'on ne peut pas se servir de logique économique pour toujours dézoner des terrains agricoles, parce qu'on n'en n'aurait plus des zones agricoles. Si c'était déjà la logique économique qui primait, on n'aurait pas besoin d'avoir de loi sur la protection du territoire agricole, parce que ça va toujours être plus rentable d'aller acheter une terre à valeur agricole et de la dézoner pour la développer. »

La Ville de Candiac se présentera à nouveau devant la CPTAQ le 5 novembre prochain afin de faire entendre sa demande. Elle leur a d'ailleurs déposé une demande d’exclusion dans son orientation préliminaire, mais celle-ci sera rejetée, selon l'UPA de la Montérégie.

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